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Post by Deleted on Jan 21, 2019 18:17:39 GMT 1
Je sais, je devrais me sentir heureuse, je suis sous hormones depuis bientôt 3 ans, je vis socialement en tant que femme depuis bientôt 29 mois et mes papiers ne me trahissent plus. Pourtant j'en ai marre.
Marre parce que j'ai perdu mes Filles, mon chien, ma maison, mon taf, ma famille et mes "ami-e-s" le tout en moins de 3 semaines. Marre parce que je n'ai pas réussi à me faire des ami-e-s tant ma douleur d'avoir tout perdu m'a rendue méfiante de tout le monde, je me suis renfermée et j'ai perdu les notions basiques de la vie en société. Marre parce que je n'ai personne sur qui compter, je sais qu'à l'hôpital je serai seule, et à la sortie encore plus. Marre parce que le parcours officiel s'il avance ça doit être à l'échelle du l'Univers et non à l'échelle humaine. Marre parce que ce qui aurait dû être la plus belle période de ma vie se trouve être en fait un enfer encore plus violent marqué par la solitude et l'isolement. Marre parce que quoi tu fasses pour être féminine, il y toujours le détail qui tue que tu te prends en pleine gu**** au moment où tu t'y attends le moins. Marre parce que même en retournant le problème dans tous les sens tu ne trouves pas de solutions.
J'en reviens à penser que la meilleure des solutions aurait été de me foutre sous un train, au moins je sais pourquoi j'aurais été seule dans ma boite. La vie est une saloperie, la seule chose à en attendre c'est la mort. Mais je ne suis pas patiente.
Marre
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Post by alwena on Jan 22, 2019 11:58:56 GMT 1
coucou sophia
pour commencer je crois que ce que tu vis n'est extraordinaire dans le sens ou tu serais la seule à qui cela arrive notre parcours de trans est extrêmement difficile , périlleux et ingrat au même titre que ceux autour de nous sont extrêmement difficiles , périlleux et ingrats
quand je te dis ça je n'ai rien dit ou si peu
sache et je sais que ça ne te consolera pas que dans tes : marre... je pourrais en cocher certains( et que j'en ai eu ) celui qui m'a fait le plus de mal est que mes enfants me tourne le dos tellement c'est un poignard qui reste planté dans le cœur qui me m'efforce de ne pas y penser , de ne pas me le remettre tous les jours au menu de me mentir à croire que je n'ai pas eu d'enfants c'est un peux comme dans un divorce (et c'en est un avec notre passé) ou des personnes que l'on croyaient amies ne nous parle plus même celle que l'on croyais être notre meilleure amie passe dans le 'camp' adverse alors s'il te plait : ne te trahie pas toi-même tu te dois d’être forte , tu te dois de maintenir le cap car il n'y a que toi pour le faire d'accord on marche sur une corde tendue entre deux montagnes mais presque arrivée au bout il ne faut plus que retrouver de la force pour finir le trajet et ne plus se poser la question si .... nous avons prise une décision au début en ayant certainement pesé le pour et le contre
personne sur qui compter... oui dans un sens je comprends ce que tu dis et non car nous sommes là et je peux t'assurer qu'ici il y aura toujours qq'un pour t'écouter et partager donc ne pense pas que tu soit seule
après la vie sociale ne guéri que si l'on va bien paradoxalement car elle fonctionne comme un miroir plus on est soi et à l'aise avec soi et plus c'est visible donc plus nous sommes acceptées et plus on nous renvoi le positif que l'on propose
la vie est vraiment une saloperie je te le confirme je peux le dire de la mienne dès mes 4 ans : le non-amour, des parents largués, le doute de tout de moi des autres,plus tard un rôle à tenir, et ma révélation à moi-même alors oui je me suis dis que je suis bancale,mal foutue, pas comme les autres et j'ai eu peur de la vie oui j'ai penser aussi 'prendre le train' puis je me suis laissée une chance en essayant de voir s'il n'y avait pas autre chose pour "guérir" depuis je me consacre à moi et ne me reste comme tout bagage et souvenirs utilisables que mes 4ans ou j'étais dans l’insouciance avec la jupe de ma sœur et les escarpins de maman
voila car nous avons toutes à un moment ou un autre pleurer à cause de cette chienne de vie et que de ce fait nous connaissons l'amertume de ces larmes là pour sécher celle du moment : bises
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Post by Deleted on Jan 22, 2019 13:44:12 GMT 1
Trouver la force pour finir... c'est exactement ça... je suis épuisée. Quant à l'effet miroir, j'en ai conscience, mais je n'en ai plus rien à faire. Je ne sors que par contrainte professionnelle et comme je bosse beaucoup à domicile, je sors très peu et je suis rentrée dans une spirale infernale de laquelle je n'arrive plus à sortir.
Je n'ai pas vu ma Grande depuis plus de 28 mois et ma Petite 5 heures 30 cumulées sur cette période. Autant dire rien.
J'ai conscience de ma différence depuis que j'ai 5 ans. Je sais ce que signifie voler sous les échos radars pour éviter les ennuis. J'ai assumé une vie qui n'était pas la mienne et j'ai tenu mes engagements de "père de famille" tant que j'ai pu... j'avais pensé naïvement que peut être en étant avec une femme j'apprendrai à devenir un homme...
Ensuite la vie a fait le reste et je ne me voyais pas laisser ma femme avec 2 bébés ou 2 enfants en bas âge.
Je ne sais pas comment ça va finir. Mais même si vous êtes là, vous ne remplacez pas les câlins...
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Post by alwena on Jan 23, 2019 10:59:18 GMT 1
coucou sophia
pour nous toutes il est difficile parfois de se vivre et se voir comme nous sommes mais la vie sociale c'est aussi croiser une personne dans la rue et seulement lui dire bonjour car c'est la 1000éme fois qu'on la croise moi j'en ai de ces personnes on se reconnait d'apparence physique c'est tout et "bonjour" mais c'est exister dans les yeux de qq'un c'est juste un petit travail à faire sur soi : apprécier le moment et se mettre 'en danger' de son passing
mais c'est aussi chez soi : moi j'ai ma meilleure amie ici sur ce site et je l'ai rencontrée ici nous avons commencé à échanger en MP puis par sms et là à l'instant elle vient de me donner des conseils pour déclarer ma flamme à la femme que j'ai dans le cœur (je suis lesbienne)
il faut vivre au présent pas par rapport à ce qu'on a plus pour le moment (car je ne désespère pas que mes enfants me reparlent) mais puiser de l’énergie dans le présent
excuse moi je suis dans le : il faut , moi ceci , moi cela ce n'est juste que du partage d'expérience
avec mille bises
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Post by Mohini on Jan 23, 2019 11:27:26 GMT 1
Bonjour Sophia,
Je comprends tout à fait...
Ma mère biologique disait toujours que la transition est une guerre au long cours et que même si l'on perd des batailles, il ne faut jamais s'avouer vaincue car on finit par gagner la guerre en persévérant. Alors oui il y aura toujours des hauts et des bas... Le monde est ainsi et ce qui ne nous tue pas sur le moment nous renforce... ça c'était le côté optimiste ou lumineux de ma mère!
Mon père m'avait dit quand j'avais 6 ans et que je n'avais aucun ami en classe qu'un être humain, ça naît seul et ça meurt seul... Quoique nous fassions, notre naissance se fait dans la douleur car le premier cri que l'on pousse n'est pas un cri de joie pour dire "youpi je suis enfin sorti" mais plutôt le cri de douleur le plus strident lié à la douleur du déplissement des alvéoles pulmonaires (car on passe en quelques secondes d'une vie aquatique à une aérienne). Quand nous passons de vie à trépas, le détachement du corps astral - âme pour simplifier - ne se fait pas sans douleur non plus (pas physique mais éthérique)... Mon père me disait que la vie n'est qu'un train où je rentre dans mon wagon à ma naissance, et qu'au fil du temps, des gens rentrent et sortent de mon wagon et ce jusqu'à ma destination finale quand ma date de péremption arrivera... ça c'était le côté pessimiste ou ténébreux de mon père!
Et au fond les 2 visions maternelle et paternelle se complètent car ce sont les 2 faces d'une même pièce.
Dans le wagon de la vie, tu verras des personnes sortir puis revenir après quelques années. Là je ne parle pas de ton ex mais de tes filles... Elle sont jeunes donc psychisme malléable manipulé par ton ex. Laisse leur le temps d'assimiler ta transition quand elles seront aptes à le faire et laisse les venir à toi. Mais au moment où elles se rapprocheront de toi, laisse ta rancoeur derrière toi et accueille les de nouveau comme si le temps était simplement suspendu (et non brisé).
Quand on accepte la transition, on accepte aussi bien son actif (bon côté des choses où c'est flatteur de se faire appeler Madame car cela signifie que la perception de notre moi féminin par autrui fonctionner) mais aussi son passif (mauvais côté : transphobie du monde humain). C'est ainsi : comme le disait le grand Général, nous n'avons que 2 solutions : "nous soumettre ou nous démettre"... Soit nous nous soumettons aux coups des autres et nous nous auto-détruisons soit nous nous démettons face aux coups des autres et décidons de relever la tête pour dire "non ça suffit" et nous nous reconstruisons
Enfin je ne sais pas si tu as déjà vu le dessin animé "Kung Fu Panda I" mais je trouve que la tortue Maître Oogwy dit une phrase magnifique quand le pauvre Panda se demande s'il sera à la hauteur de sa fonction :
Hier est derrière, Demain est un mystère, et aujourd'hui est un cadeau, c'est pour cela qu'on l'appelle le présent...
Certes aucune sur ce site n'est de ta famille mais une famille ne se résume pas par des liens de sang mais peut se constituer par une vision commune du monde (ou d'une fraction de ce monde ) allant dans le même sens... ce qui est le cas sur AYS.
Je ne peux pas t'aider dans tes épreuves car ceci est ton combat mais tout ce que je peux faire, c'est simplement te soutenir à l'instar d'une grande soeur qui en a vu de toutes les couleurs dans l'ensemble de son passé réuni...
Garde espoir car la vie n'est qu'un éternel cycle...
Bisous
Mohini
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Post by Deleted on Jan 23, 2019 12:13:11 GMT 1
Je suis toujours en admiration devant les personnes capables d'aller de l'avant en amour. Pour moi, envisager une vie à deux relève d'une probabilité négative tant elle est improbable. Il y a trop d'éléments qui me poussent à partir à l'opposé d'une personne qui s'intéresserait trop à moi sur le plan intime.
J'ai envoyé un courrier à ma Grande lui détaillant un peu mon parcours, non la transition, mais mon passé, mon histoire avant sa naissance, les éléments que sa mère connaissait mais qu'elle m'avait interdit de leur révéler...
Aucune réponse... mais je m'y attendais...
Je voulais me faire tatouer un Pheonix, car jusqu'à présent je m'étais relevée après chaque chute, mais maintenant je ne suis plus aussi certaine de mon pouvoir de renaissance.
Quant à la citation de Kung fu Panda, je n'ai pas vu le dessin animé, je n'aime pas le graphisme, mais la citation est connue, c'est une sorte de plagia. Mais je tairai mon opinion sur la définition d'aujourd'hui. LOL !
Je vous remercie Alwena et Mohini pour votre soutien.
Bises
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Post by jeanne on Jan 26, 2019 13:26:46 GMT 1
Bonjour Sophia (et les deux dames qui sont intervenues plus haut), cela fait quelques jours que je voulais réagir à ce que tu as écris. mais comme je suis assez lasse ces temps-ci je fais tout très lentement. Je pourrai cocher moi aussi, quelques unes des lassitudes que tu exprimes. Mais ma situation est incomparablement meilleure, parce que mon fils ne m'a pas tourné le dos. c'est la seule chose qui m'aurait accablée. J'aurai pu tout perdre. sauf lui. pourtant je dis cela parce que précisément je ne l'ai pas perdu. si cela avait été le cas. qu'aurais-je fait? comme tout le monde. j'aurai continué de vivre, mal et blessée, mais je suppose que j'aurai continué. parce que depuis le tout début, depuis tes cinq ans, c'est ce que nous faisons, continuer de vivre malgré les souffrances, malgré la douleur, malgré la fatigue et la lassitude. Nous nous adaptons, parfois plus dans la survie que dans la vie, mais nous avançons. parce que nous n'avons pas tellement le choix. nous n'avons pas le choix. en fait depuis le début. nous sommes fait comme ça. programmées. pour vivre. mais programmées ou non cela n'empêche que parfois nous arrivons au bout de cette lassitude, au bout de la fatigue, au bout de nos combats au bout de la solitude et de l'aridité d'une vie dépourvue de chaleur humaine, de la tendresse que nous aimerions ressentir à nos cotés. je l'écris parce que je l'ai déjà vécue, sentie cette lassitude infinie dont on ne voit pas la fin tant elle a envahi notre horizon. rien d'autre que cela. une infinie fatigue, une infinie tristesse. le vide. et ensuite la chute. parfois on survit même à cette chute. la preuve. Mais enfin. pourquoi est-ce que je t'écris tout cela. la première chose qui m'avait fait réagir en relisant ton message est que contrairement aux descriptions imbéciles que je lis souvent sur les forums, ou dans certains récits autobiographiques, la transition n'est pas la fin de nos soucis. la transition ce serait disneyland. j'ai trouvé qui j'étais, je deviens qui je suis, et tout va bien, c'est le bonheur trouvé, le soleil dans ma vie, le nirvana trans. Ces descriptions sont insupportables, parce qu'en plus de leur niaiserie confondante, elles renvoient encore plus à leur solitude et à leurs souffrances celles qui doivent se battre tous les jours dans leur transition et qui parfois la payent extrêmement chère cette transition comme tu le rappelles, de leurs enfants, de leur vie affective, de leurs vie sociale et professionnelle. Mais il faudrait montrer patte blanche à la société pour avoir le droit d'entrer, patte blanche de notre bonheur trouvé, voyez comme je suis heureuse maintenant et tout se passe bien et tout est merveilleux avec la transition. j'avais donc bien raison vous voyez de faire cette transition. il faut donner des gages, pour montrer que nous sommes biens des vrais personnes trans. en vérité, il faut montrer son malheur d'abord, être bien malheureuse pour être reconnue, et ensuite il faut montrer son bonheur. bref, et la réalité de notre existence dans tout cela? on s'en fout. Mais ce que je veux t'écrire aussi, c'est que même quand la transition se passe bien, sur le plan familial professionnel amical, ce qui est à peu près mon cas, la solitude est de toute façon bien présente. parce que même si la famille les collègues les amies ne te tournent pas le dos, on ne peut pas trop espérer qu'ils comprennent réellement ce que l'on vit...évidemment la transition s'est plutôt bien passée pour moi en dehors de l'aspect affectif (mais je ne désespère pas encore) mais malgré tout le seul réconfort que j'ai trouvé dans les moments difficiles, parce que même quand ça va à peu près c'est long et c'est dur, c'est auprès des "sœurs", des sœurs d'ici, mais surtout des sœurs de ma ville. de sœurs que je peux voir de temps en temps, avec lesquelles on peut manger et se sentir entre nous, en famille. Deux seulement que je n'aurai jamais croisées si nous ne vivions pas la même chose, mais avec lesquelles une forme de sororité est née (j'ai même découvert ce terme, sororité, je ne connaissais que la fraternité). donc c'est peut être assez bête ça, mais peut-être qu'essayer (et réussir) de trouver des femmes comme nous dans ton coin et déjà tu te sentiras peut-être un peu moins seule je crois. pouvoir partager en confiance avec d'autres personnes qui non seulement ne jugent pas mais comprennent. rien de mieux pour moi, cela ne résout pas tout. nous sommes par nature seules dans notre crâne et notre corps avec nos pensées et nos sentiments propres. mais ce n'est déjà pas mal. Bon courage
Jeanne (canne à sucre et cane à sœur).
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Chloé
Tamago
[Genre] MtF
[THS] 18/08/2021
[CRS] CRS souhaitée
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Post by Chloé on Jan 28, 2019 4:31:36 GMT 1
Je sais, je devrais me sentir heureuse, je suis sous hormones depuis bientôt 3 ans, je vis socialement en tant que femme depuis bientôt 29 mois et mes papiers ne me trahissent plus. Pourtant j'en ai marre. Marre parce que j'ai perdu mes Filles, mon chien, ma maison, mon taf, ma famille et mes "ami-e-s" le tout en moins de 3 semaines. Marre parce que je n'ai pas réussi à me faire des ami-e-s tant ma douleur d'avoir tout perdu m'a rendue méfiante de tout le monde, je me suis renfermée et j'ai perdu les notions basiques de la vie en société. Marre parce que je n'ai personne sur qui compter, je sais qu'à l'hôpital je serai seule, et à la sortie encore plus. Marre parce que le parcours officiel s'il avance ça doit être à l'échelle du l'Univers et non à l'échelle humaine. Marre parce que ce qui aurait dû être la plus belle période de ma vie se trouve être en fait un enfer encore plus violent marqué par la solitude et l'isolement. Marre parce que quoi tu fasses pour être féminine, il y toujours le détail qui tue que tu te prends en pleine gu**** au moment où tu t'y attends le moins. Marre parce que même en retournant le problème dans tous les sens tu ne trouves pas de solutions. J'en reviens à penser que la meilleure des solutions aurait été de me foutre sous un train, au moins je sais pourquoi j'aurais été seule dans ma boite. La vie est une saloperie, la seule chose à en attendre c'est la mort. Mais je ne suis pas patiente. Marre Trouver la force pour finir... c'est exactement ça... je suis épuisée. Quant à l'effet miroir, j'en ai conscience, mais je n'en ai plus rien à faire. Je ne sors que par contrainte professionnelle et comme je bosse beaucoup à domicile, je sors très peu et je suis rentrée dans une spirale infernale de laquelle je n'arrive plus à sortir. Je n'ai pas vu ma Grande depuis plus de 28 mois et ma Petite 5 heures 30 cumulées sur cette période. Autant dire rien. J'ai conscience de ma différence depuis que j'ai 5 ans. Je sais ce que signifie voler sous les échos radars pour éviter les ennuis. J'ai assumé une vie qui n'était pas la mienne et j'ai tenu mes engagements de "père de famille" tant que j'ai pu... j'avais pensé naïvement que peut être en étant avec une femme j'apprendrai à devenir un homme... Ensuite la vie a fait le reste et je ne me voyais pas laisser ma femme avec 2 bébés ou 2 enfants en bas âge. Je ne sais pas comment ça va finir. Mais même si vous êtes là, vous ne remplacez pas les câlins... Bonsoir Sophia, Cela fait un petit moment que je voulais répondre à tes commentaires mais j'ai procrastiné et pris le temps de formuler mon intervention. Ne baisses pas les bras Sophia et bats toi; je sais c'est bien plus facile à dire qu'à faire. La transition n'a jamais été un long fleuve tranquille et ne se fait jamais sans heurt. C'est même tout le contraire mais nous ne sommes jamais assez préparé.e.s à ce nouveau défi, à ce nouveau combat. Nous avons tou.te.s des parcours et des expériences différentes. Celle que tu vis n'est pas simple et loin s'en faut. La transition nécessite de faire des choix plutôt un choix... Un choix qui peut paraître somme toute égoïste vu par le prisme de notre entourage proche, familial et intime. Ce choix porte soit sur l'apport pour soi d'une forme d'apaisement et de "bien être" par la mise en adéquation entre la psyché ("genre ressenti") et le physique ("genre exprimé") mais avec un risque de rupture familiale, d'isolement ou soit la poursuite d'un "ordre et une stature sociale établis" pour conserver les êtres chers au risque d'y laisser des plumes sur le plan de la psyché et du bien-être. C'est cela que tu as exprimé. Le choix est cornélien j'en conviens. La compréhension par son entourage familial de son choix et du besoin de transitionner se résume parfois aux simples expressions de "tu es égoïste", "tu ne pense pas à moi", "tu n'as pensé aux enfants", "je ne suis pas homo", "t'es malade, fais-toi soigner"... Ce rejet sans autre forme de procès ni même sans chercher à comprendre le mal être de l'autre fait mal et blesse au plus profond de soi, et conduit souvent à la rupture de la cellule familiale. Si le coup est dur à prendre, le cap est souvent aussi dur à passer. Tu as fais le choix d'"assumer une vie qui n'était pas la tienne et tu as tenu mes engagements de "père de famille" tant que que tu as pu" et cela t'honore. Mais qu'aurai-tu fais si tu n'avais pas fait le choix d'effectuer ta transition ? "Te foutres sous un train" ? Tes filles seraient orphelines; penses-tu qu'elles vivraient mieux ? Tu dis être seule et n'avoir personne sur qui compter, te renfermer sur toi même, perdre les notions de la vie en société, ne plus faire confiance à qui que ce soit. Tu as l'impression que ce combat que tu as mené n'a servi à rien puisque quoique que tu fasses tu ne trouves pas de solution et te prend de coups en pleine face. Tu as perdu confiance en toi et en ta capacité de résilience . Cela affecte grandement ton moral. Indéniablement, les changements hormonaux induits par le THS bouleversent nos psychés. Tu ne fais pas exception à la règle et tu te sens déboussolée. Ta fatigabilité, ton asthénie, ton état d’agitation et d'agacement (qui ressort parfois dans certaines de tes interventions) peuvent aussi provenir des effets indésirables notoires de la prise d'Androcur. Ton humeur dépressive actuelle voir mélancolique (forme sévère de la dépression), tes idées suicidaires ou auto agressives - traduites par les expressions de te "foutre sous un train" et "la vie est une saloperie, la seule chose à en attendre c'est la mort" devrait t'encourager à consulter ton médecin traitant voir même un psychiatre / ton psychiatre. Il ne faut pas que tu restes et t'enfermes dans cet état d'abattement qui ne fera que s'aggraver si tu ne prends pas ton courage à deux mains pour franchir la porte du cabinet de ton médecin. Tu es au fond du trou et même si les anti-depresseurs et/ou la consultation psy ne sont pas la panacée, ils peuvent parfois être cette corde que l'on glisse pour aider à remonter à la surface. Certes tu as perdu beaucoup de choses "tes filles, ton chien, ta maison, ton travail, ta famille et tes ami.e.s en moins de 3 semaines". Ce n'est pas réjouissant mais malheureusement c'est le lot de beaucoup d'entre nous. Pour certaines choses (ton travail et tes ami.e.s), c'est parfois un bien pour un mal. Je comprends et compatis à ton désespoir d'avoir "perdu" tes filles. Il faut que tu arrives à garder espoir en te raccrochant à ce qui te maintien c'est à dire pouvoir passer du temps avec tes filles; il faut en quelque sorte que cela devienne ton leitmotiv, ta raison de vivre. Ne lâches rien, ne baisses pas les bras car encore une fois penses-tu que tes filles vivraient mieux sans toi ? La situation est compliquée je l'entends mais il faut se battre car parfois il peut y avoir une issue favorable : Père et transgenre, Kyrsten a obtenu la garde de son fils. Tout espoir et le combat ne sont donc pas vains. Ton courrier à ta grande pour lui expliquer ton passé, ton parcours, est une sage décision mais il faut parfois aussi laisser du temps au temps et laisser le cheminement se faire. La transition s'apparente souvent à un deuil tant pour toi que pour elles car la femme en toi et en devenir fait et fera disparaitre l'homme et le père que tu étais mais pas les sentiments à leur égard. Sans que ce soit processus linéaire, Michel Hanus décompose le deuil en cinq phases successives : le refus (le déni de la réalité), la colère, la dépression, la régression et la fin du deuil. Ton entourage doit probablement se situer entre le refus et la colère alors que toi tu dois probablement te situer entre la dépression et la régression. Si pour certain.e.s d'entre nous, la transition se déroule sans anicroche façon open-bar de joie, d'allégresse, de bien être, d'acceptation ou façon monde de bisounours, dans une majorité des cas le parcours de transition est un véritable parcours du combattant voire même un théâtre d'opérations pour ne pas dire une guerre. De notre différence, nous en tirons notre force pour continuer à avancer, à vivre et non pas survivre. Sans se vanter, cela fait de nous des être exceptionnels capables de surmonter l'adversité et déplacer des montagnes ... C'est cette ténacité qui souvent nous caractérise. Si parfois c'est dur, il faut toujours conserver une lueur d'espoir car quand tout va mal, il faut se souvenir que cela pourrait être pire : Certes nous ne remplacerons jamais les câlins mais le fait de pouvoir partager, discuter, échanger peut aussi aider que ce soit en "virtuel" ici sur ce forum ou sur d'autres forums mais aussi "physiquement" par le biais d'associations de soutien LGBT+ (les sororités décrites par jeanne ) est déjà un bien. Soit forte, ne lâches rien. Bises
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Post by Deleted on Jan 28, 2019 16:12:41 GMT 1
Chloé :
Je fais une IRM tout à l'heure pour vérifier la tronche du cerveau avec l'androcur.
J'ai le psychiatre "officiel", une psychiatre ici (à Tours.... ), pour ne pas faire des allers retours retour sur Paris pendant 2 ans pour 1/4 d'heure d'entretien... et une psychologue parce que les psychiatres n'écoutent pas ce qu'on leur dit.
Si j'étais morte, mes Filles ne vivraient pas plus mal. En ce moment je suis là sans être là. Morte je ne suis plus là. point.
J'ai conscience d'être au fond du trou, mais je creuse encore...
Tu dis qu'il faut se battre, mais il est là le problème. Je n'ai plus envie de me battre.
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Post by alwena on Jan 29, 2019 11:32:46 GMT 1
coucou sophia
les préconisations envers l'androcur semble respectées c'est bien d’avoir une IRM
quand tu parles de tes psy je repense à mon parcours qui était sensiblement identique d'abord psychologue tom Reucher à Brest et son éclairage pas permis de comprendre ce que j'étais : une femme dans un corps d'homme et jusqu'à ce moment j'étais dans le doute de moi
c'était un moment étrange car les pistes qu’il m'avait données m'ont libérée du doute mais elles m'ont plongée immédiatement dans une autre réalité : "je ne suis pas normale, je ne suis pas comme les autres...je suis bancale... etc" oui à ce moment j'ai eu l'envie de prendre le train et partir
cette guerre intense en moi à durée qq semaines puis je me suis mise devant ma réalité depuis envers et contre tout; envers et contre tous je me dédie à moi la première chose que je fais le matin c'est d’être dans le combat qui est le mien
je ne me donne aucun droit de baisser ma garde car le premier jour je me suis promis d'aller jusqu'au bout et je me disais "même si ce jour sera mon dernier jour je me ferais opérer" c'est comme pour nous toutes une histoire avec soi-même
rien ni personne ni même mes enfants qui ne me parlent plus , ni ma maman (qui n'a jamais su me donner de l'amour) qui n('a rien compris ni qui que ce soit personne ne pouvais venir en travers de mon chemin
et cette force là je l'ai trouvée en moi je ne l'ai pas trouvée dans des assos 'fourre tout' qui sont trop (à mon gout) dans le 'vient pleurer avec nous' dont on sais que la vie associative et parfois une mini dictature et donc j'ai appliqué le proverbe : mieux vaut être seule que mal accompagnée surtout que personne d'autre que toi ne peux mener ton combat
cela à aussi un avantage on ne peux pas 'déléguer' nous devons nous impliquer directement et se responsabiliser de nos actes
j'ai eu aussi comme psychiatre celle de ma ville qui n'était pas 'spécialiste' mais qui est très professionnelle
ensuite seulement j'ai repris contact avec le grétis de Lyon
je ne sais pas pourquoi je fais un parallèle avec un lancement de fusée mais je me dis qu'il faut une énergie phénoménale pour décoller mais plus çà va et plus c'est facile et une fois au bout de notre parcours nous sommes en apesanteur
et si je relate ma vie pour celles souhaitant une vagino je peux dire que c'est une début dans autre chose une autre personne vers soi ce n'est qu'une étape décisive et pas une fin
à te lire bises
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Post by Mohini on Jan 29, 2019 11:48:24 GMT 1
Bonjour à toutes, alwena Ta comparaison avec la fusée n'est pas anodine... Elle est plus que judicieuse. Petite explication en technologie aérospatiale : le décollage ne pose jamais de soucis car les réacteurs utilisent à peu de chose près une puissance équivalente à celle d'un avion (rapportée à la masse de la fusée bien entendu). Plus tu arrives dans la haute atmosphère plus ça se complique car à un moment donné tu atteins ce que l'on appelle la "zone du cercueil" (ou "coffin corner" en nomenclature internationale) = zone la plus critique où la gravité est telle qu'elle compense la poussée réactionnelle des réacteurs. SI cette poussée est suffisante, la fusée peut dépasser la zone critique et sortir de l'atmosphère terrestre. Si la poussée est insuffisante donc si la gravité l'emporte, la fusée se crashe lamentablement... C'est ce qui explique que les avions de chasse militaires ne peuvent dépasser cette zone car les réacteurs sont de faible calibre (en pratique il faudrait utiliser d'autres technologies de réacteurs;.. mais là n'est pas le propos) C'est ce qui explique que les lanceurs de fusée de type Ariane (aérospatiale européenne) ou de type navette (aérospatiales américaine, russe et chinoise) utilisent plusieurs réacteurs latéraux pour compenser l'effet de la gravité terrestre... Tout ça pour dire? Ah oui je reviens sur la transition (désolée mais avec mon grand âge je perds le fil parfois... pas celui d'Ariane ni la grecque ni la fusée...) Au démarrage de la transition, on démarre à vitesse lente... puis on atteint la zone critique fatale, celle des doutes, de l'isolement, de notre rejet par autrui.... Si notre volition propre est suffisante (poussée des réacteurs), nous sortons à peu près indemnes de la zone critique et nous continuons sur notre lancée. Si notre volonté faiblit, là c'est le crash (physique et mental) assuré! Donc la comparaison avec la fusée est plus que d'actualité dans la transition... Bisous Mohini
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Post by Deleted on Jan 30, 2019 0:23:57 GMT 1
Alors mon crash arrive
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Post by alwena on Jan 30, 2019 6:30:56 GMT 1
coucou sophia
je prends ces mots pour de l'humour
bises
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Post by Deleted on Jan 30, 2019 15:26:57 GMT 1
non, malheureusement.
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Chloé
Tamago
[Genre] MtF
[THS] 18/08/2021
[CRS] CRS souhaitée
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Post by Chloé on Jan 31, 2019 2:15:10 GMT 1
Bonsoir Sophia,
J'espère que les résultats de ton IRM sont bons.
Si j'ai bien compris, tu es suivie par le psychiatre de l'équipe officielle à Paris, par une psychiatre sur Tours pour la transition et par un psychologue parce que ces deux psychiatres ne t'écoutent pas. J'avoue que parfois certains psychiatres peuvent être un peu à coté de la plaque voir totalement dans leur monde. As tu évoqué tes difficultés d'écoute de ces deux praticiens et tes difficultés personnelles, tes états d'âmes avec ton médecin traitant ? Je ne sais pas si tu as de bon rapport avec lui mais je t'encourage à le faire. Il est fort probable que celui-ci constate ton état et te prennes en charge tout comme il t'oriente vers un psychiatre en qui il a confiance.
Je comprends pleinement que ta situation actuelle puisse plomber ton moral au point de ne plus vouloir te battre. Je ne sais pas quel attachement tu as pour tes filles mais je crois comprendre que çà te touche profondément et pour autant que n'est pas cela qui te motiverais à te battre. Il ne faut pas que tu continues à creuser ce trou dans lequel tu t'enfonces. Je ne sais pas si c'est possible pour toi mais parfois un petit changement d'air pendant quelques jours est salutaire.
Bises et tiens bon.
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