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Post by Mohini on Sept 10, 2018 21:49:48 GMT 1
Bonsoir à toutes,
J'ouvre ce topic qui est un carrefour entre hormones, traitement prophylactique par ARV (AntiRétroViraux) et vie sexuelle. Je travaille dessus depuis un certain temps donc je souhaite vous faire partager mes connaissances sur le sujet.
Donc comme à l'accoutumée, si vous voulez poser des questions, merci de le faire dans un topic dédié et dans ce topic pour éviter de perdre le fil.
Bisous
Mohini
(suite au prochain post)
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Post by Mohini on Sept 15, 2018 8:20:38 GMT 1
Bonjour à toutes,
Comme vous l'aurez compris, la PreP est une technique de chimio-prévention contre le VIH.
Pour situer la PreP dans le système thérapeutique contre le VIH, il existe 3 formes de prévention :
1/ vous êtes séropositive mais vous ne souhaitez pas transmettre le VIH à votre (vos) partenaire(s) : cela implique une charge virale indétectable chez vous. Ceci peut être obtenu dans le cadre d'un TasP (= Treatment AS Prevention) : en effet, un traitement ARV (antirétroviral) bien conduit en multithérapie permet d'obtenir une charge virale indétectable ce qui autorise une vie sexuelle satisfaisante. Il va de soi que cela ne changera rien pour vous (puisque le traitement est obligatoire pour vous) mais cela change la vie de votre partenaire puisque lui ne pourra pas s'infecter lors des rapports avec vous
2/ vous êtes séronégative mais vous avez eu un rapport sexuel à risque, c'est-à-dire un rapport sexuel réceptif (cela veut bien dire ce que ça veut dire...) non protégé ou avec incident de préservatif (déchirure etc...). Vous êtes potentiellement à risque et dans ce cas, vous rentrez dans le cadre du TPE (Treatment Post-Exposition, à ne pas confondre avec très petite entreprise...). Le TPE est basé sur une trithérapie à prendre dans les 48 heures qui suivent le rapport à risque et ce pendant 1 mois avec contrôle sérologique à la fin. S'il n'y pas de contamination, le TPE s'arrête sinon en cas de séropositivité, on rentre dans le cas précédent (TasP)
3/ vous êtes séronégative et vous allez avoir des rapports sexuels réceptifs à risque (partenaires à statut sérologique inconnu) et/ou que votre conjoint va voir ailleurs (ouvertement ou à votre insu). Là vous rentrez (sans jeux de mots...) dans le cadre de la PrEP (= PRe-Exposition Prevention). Cela consiste à utiliser une bithérapie qui comporte de l'emtricitabine (code nomenclature internationale = FTC) et du ténofovir disoproxil (TDF). La combinaison est réalisée par le Truvada qui comporte respectivement 200 mg de FTC et 245 mg de TDF.
(suite au prochain post)
Bisous
Mohini
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Post by Mohini on Sept 15, 2018 8:57:45 GMT 1
(re) bonjour, Maintenant décortiquons un peu le concept de la PrEP en lui même : 1/ les points positifs :
- le concept de la PrEP peut surprendre de prime abord... Et pourtant ce concept de chimioprévention existe de façon bien plus courante qu'on ne se l'imagine : quelques exemples : * en soins dentaires : si vous êtes diabétique ou souffrant de pathologies cardiaques, vous avez une prévention par antibiotiques * lors d'une CRS : c'est de la chirurgie lourde qui implique une prophylaxie par antibiotiques * quand vous voyagez dans un pays où le paludisme sévit, vous devez prendre une prévention médicamenteuse qui varie selon le groupe de pays classés par l'OMS Tout ça pour dire que prendre des médicaments pour prévenir le VIH n'est pas un concept nouveau - la PrEP est basée sur une bithérapie alors que le TPE l'est sur une trithérapie et le TasP sur une multithérapie --> avantage pour la PrEP : le traitement est plus "léger" que les 2 autres modalités thérapeutiques, ce qui implique une meilleure tolérance clinique et biologique - la PrEP protège contre l'unique IST qui est mortelle à 100% et ce indépendamment du préservatif car il est difficile (pour ne pas dire impossible) de faire un mettre un préservatif à la gente masculine. En bref, c'est à nous en tant que femmes de nous prémunir du risque plutôt que de le faire supporter par les hommes (schématiquement, c'est le même principe que la contraception hormonale où ce sont les femmes cis qui doivent prévenir le risque de survenue de grossesse non désirée) - la PrEP est complémentaire au préservatif : ainsi en cas de rupture éventuelle du préservatif, la PrEP est là pour prévenir (ce qui vous dispense du TPE bien entendu mais pas du suivi biologique qui va avec) - la PrEP supplante le préservatif dans l'hypothèse où vous tombez sur un homme séropositif qui en veut à la terre entière et qui veut faire partager son bagage viral aux femmes comme nous et qui percerait volontairement les préservatifs (car soyons franches : dans le feu d'action, une fois qu'on a le dos tourné pour prendre telle ou telle position du Kamasutra, nos esprits ne s'occupent pas de savoir si le bipède humain masculin est en train de perforer la capote ou pas...). Vous allez me dire que ma vision relève de la paranoïa pure et dure... Et bien non! Car une telle affaire a existé dans le milieu gay : www.linfo.re/magazine/insolite/728070-un-seropositif-s-amuse-a-trouer-ses-preservatifs-et-nargue-ses-victimesAlors les filles, partez du principe que vous ne pouvez faire confiance à un inconnu... C'es à nous de gérer notre protection. 2/ les points négatifsIl y en a (sinon ce ne serait pas drôle...) - les conditions d'obtention de la PreP : nous verrons dans un autre post que les conditions à remplir sont assez strictes mais rien de rédhibitoire non plus (vous n'allez pas avoir une enquête sur vos conquêtes par une agence de renseignements...) - le mode de délivrance de la PrEP : la PrEP passe par une PIH (les filles qui suivent mes posts savent ce que c'est...) donc vous devez passer par un CeGIDD (CEntre Gratuit d'Information de Dépistage et de Diagnostic des infections par le VIH, des hépatites virales et des IST) --> c'est donc une démarche volontaire car personne ne va vous la proposer - l'efficacité de la PrEP dépend de votre observance, donc si vous la suivez correctement ou pas... sachant qu'il y a des subtilités spécifiques pour les filles comme nous (démontrées seulement en 2018...!) - la PreP - comme tout gentil médicament - a son lot d'effets secondaires plus ou moins corsés - le risque d'inefficacité de la PrEP si on est infectée par une souche résistante à la FTC et au TDF - et par dessus tout, la vision "morale" que vous avez de votre propre sexualité ainsi que la peur du "qu'en dira-t-on?" : en effet, si vous avez une vision rigoriste qui consiste à dire que votre compagnon et vous, vous vous êtes jurés fidélité, il est clair que vous ne franchirez pas le cap de la PrEP. Si vous avez peur de ce que le médecin du CeGIDD va penser de vous (= sous entendu que vous avez des moeurs dissolues pour faire pudique), inutile de faire la démarche. Dans notre société, les filles comme nous sommes perçues comme des objets sexuels et portés sur le sexe. Mais au fond je dirai que peu importe ce que pensent les autres car nous sommes les seules artisanes de notre santé et nous ne pouvons pas nous permettre de nous détruire la santé pour des considérations sociétales d'un autre temps. En tant que femme trans, on a le droit d'aimer le sexe sans avoir être jugée (comme le disait Anne Roumanoff dans l'un de ses spectacles sur l'inégalité lexicale hommes-femmes, "un homme qui voit plein de femmes est un Don Juan. Une femme qui voit plusieurs hommes est...une gourmande", les points de suspension représentent le silence d'Anne Roumanoff pendant lesquels certains spectateurs masculins disaient "salope") (suite au prochain post) Bisous Mohini
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Post by Mohini on Sept 16, 2018 20:23:13 GMT 1
Bonsoir les filles, Maintenant je vais vous parler des critères d'inclusion pour bénéficier de la PrEP. A cet effet, document de synthèse de la HAS : ct_eval_236_bum_truvada_cd_08032017_v4.pdf (193.49 KB) Voilà ce qu'il en ressort : Pour bénéficier de la PrEP, voici l'une des conditions à remplir pour les femmes trans : - rapports sexuels anaux réceptifs sans préservatif avec au moins 2 partenaires différents dans les 6 derniers mois - épisode d'IST dans les 12 derniers mois - au moins 1 recours au TPE dans les 12 derniers mois - usage de drogues lors des rapports sexuels (chemsex) Pour résumer dans le cas le plus courant, il faut être femme trans (opérée ou pas), hétérosexuelle, avoir au moins 2 partenaires sexuels masculins et avoir des rapports anaux réceptifs sans préservatif (avec les 2 partenaires au moins....). Je passe sur les cas d'IST, de TPE et de chemsex (car je ne vois pas pourquoi cela serait sur-représentée chez nous que chez les femmes cis) En bref, si l'on considère pour les filles comme nous, que la moitié est hétérosexuelle, la dernière condition n'est pas évidente à remplir, du moins pour celles en couple stable (avoir des rapports anaux sans préservatifs avec au moins 2 partenaires masculins...). Cela a aussi comme implication que les filles trans homosexuelles sont laissées pour compte... Au passage, vous remarquerez que les femmes cis sont d'office exclues de la PrEP et ce même si elles ont des rapports anaux réceptifs sans préservatifs... Et là on tombe dans la cis-discrimination (pour une fois que ça arrive...!) Enfin, contrairement à ce que l'on pourrait penser, très peu de femmes trans bénéficient en France de la PrEP malgré les dispositions médicolégales établies par la HAS. Petite lecture à cet effet : tetu.com/2017/02/14/prep-bilan-traitement-preventif-vih-8-chiffres-molina/En début 2017 : * 3000 personnes bénéficient de la PrEP * 97% sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (homosexuels et bisexuels), soit 2910 hommes cis * il y a donc 90 femmes qui bénéficient de la PrEP dont seulement 19 femmes transSans vouloir me faire l'avocate du diable, je doute fort qu'il n'y ait en France que 19 femmes trans hétérosexuelles ayant plus de 2 partenaires sexuels masculins....! Cela montre la sous-représentativité de la population féminine trans et du mépris que nous engendrons... sans compter bien entendu que si l'information de la PrEP est très bien relayée dans le monde gay à travers les associations LGB, elle n'est pas ou peu relayée par les associations T par méconnaissance du dispositif ou par désintérêt ou par autre mécanisme que je ne connais pas (je ne fréquente pas le monde associatif... j'ai déjà suffisamment à faire dans tous les pans de mon existence) Bisous Mohini
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Post by Mohini on Sept 18, 2018 20:28:11 GMT 1
Bonsoir les filles,
Maintenant que nous avons terminé sur les conditions d'accès à la PrEP, on va s'intéresser à la comparaison entre Truvada lui même et à ses génériques.
Voici ci-dessous la liste des laboratoires fabriquant la combinaison FTC / TDF respectivement à 200 mg et 245 mg par comprimé : à noter que toutes les versions sont des comprimés de taille conséquente et sont conditionnées par lot de 30 comprimés.
- Gilead (référence) : Truvada [fumarate] --> coût mensuel : 346, 25 €
- Biogaran (générique) : Emtricitabine / Tenofovir disoproxil 200 mg / 245 mg [succinate] --> coût mensuel : 176,02 € - EG (générique) : Emtricitabine / Tenofovir disoproxil 200 mg / 245 mg [succinate] --> coût mensuel : 176,02 €
- Mylan (générique) : Emtricitabine / Tenofovir disoproxil 200 mg / 245 mg [maléate] --> coût mensuel : 176,02 €
- Teva (générique) : Emtricitabine / Tenofovir disoproxil 200 mg / 245 mg [phosphate] --> coût mensuel : 176,02 €
- Zentiva (générique) : Emtricitabine / Tenofovir disoproxil 200 mg / 245 mg [phosphate] --> coût mensuel : 176,02 €
A noter que si l'équivalence est stricte pour l'emtricitabine, il n'en est pas de même pour le sel de Tenofovir qui varie (le sel est marqué en crochet pour chaque laboratoire). Le sel de fumarate (formule d'origine du Truvada) n'existe dans aucun générique. La différence de sel ne modifie pas la pharmacocinétique mais peut être source de meilleure ou mauvaise tolérance (variabilité individuelle)
Je me suis "amusée" à comparer la composition de chaque version entre le noyau et le pelliculage. Il en résulte que le générique Mylan est une version quasi-identique au Truvada en terme d'excipients, c'est-à-dire tout ce qui constitue la matrice (qui emprisonne les molécules actives) et l'enrobage (pour vous donner une idée, c'est comme un bonbon M&M's, anciennement Treets pour les vieilles comme moi... avec la cacahuète centrale et l'enrobage de chocolat)
Enfin il est nécessaire de préciser qu'il y a une différence de forme de conditionnement : en effet, même si les comprimés de toutes les versions sont très proches en terme de taille (globalement de 19 mm sur 9 mm), le conditionnement galénique n'est pas pareil : - forme flacon de 30 comprimés pour Gilead, Biogaran, EG, Zentiva - forme blister avec emballage individuel de chaque comprimé pour Mylan et Teva
Détail de chieuse, pensez-vous?.... Pas du tout : car dans le cas d'un flacon, si vous avez les doigts mouillés, la moindre goutte d'eau va entraîner un délitement des comprimés dans le flacon (car ils sont hydrophiles). A l'inverse, lors de l'ouverture d'un blister individuel, seul ce comprimé sera impacté en cas de doigts mouillés. De plus si vous voyagez, vous pouvez emporter avec vous juste la dose qu'il vous faut pour le nombre de jours adéquat car le flacon est plus gros à faire tenir dans un sac à main.
En termes plus clairs, si l'on veut allier composition proche du médicament de référence (Truvada) et praticité (blister individuel), la version Mylan semble répondre à ces 2 impératifs avec un coût réduit par rapport au médicament princeps.
(pour celles que ça intéresse, j'ai un tableau de comparaison entre Truvada et génériques, disponible uniquement par MP)
Bisous
Mohini
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Post by Mohini on Sept 19, 2018 10:41:36 GMT 1
Bonjour à toutes, Maintenant que nous avons terminé avec la comparaison Truvada et ses génériques, nous allons passer en revue les principaux effets secondaires du Truvada. Voici un petit tableau sur l'ensemble des effets secondaires connus (je n'ai aucun mérite dans le cas présent car j'ai recopié le Vidal Pro) : Truvada-effets secondaires.xlsx (12.9 KB) Il va de soi que quand on lit ça, cela peut faire peur de prime abord. Mais les études internationales réalisées sur la PrEP montrent globalement que les effets secondaires les plus fréquents sont les suivants : - effets digestifs : nausées, vomissements, diarrhée --> cela disparaît environ au bout de quelques jours à quelques semaines (grande variabilité individuelle). A noter que cet effet est exacerbé si la prise se fait à jeûne - effets rénaux : apparition d'une tubulopathie proximale liée au TDF --> souvent réversible à l'arrêt du traitement car cet effet secondaire impose l'arrêt du traitement - effets osseux : ostéomalacie liée au TDF. A noter que celle-ci est aggravée si vous avez déjà une fragilité osseuse (déficit en vitamine D) --> souvent réversible à l'arrêt du traitement car cet effet secondaire impose l'arrêt du traitementIl faut savoir que tout le monde ne développe pas des effets secondaires rénaux et/ou osseux car les études internationales ont entraîné très peu d'arrêts liés aux effets secondaires. Mais ces effets secondaires nécessitent donc un suivi biologique , ce que nous verrons lors du prochain post... Bisous Mohini
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Post by Mohini on Sept 19, 2018 14:27:39 GMT 1
(re)bonjour à toutes,
Maintenant que l'on a vu les principaux effets secondaires connus du Truvada, nous allons nous intéresser au suivi biologique du Truvada.
La devise de ma tante Isis (qui était pharmacologue) était la suivante : "dis moi ce que tu vas me faire et je te dirai comment je te suivrai" (cette règle est valable pour les médicaments... pas pour les bipèdes humains, quoique....)
Des effets secondaires du Truvada découlent les paramètres à faire en bilan initial (pré-thérapeutique) et en bilan de suivi (1 bilan trimestriel d'après les recommandations, en l'absence de signes cliniques bien entendu...) :
- NFS : neutropénie (FTC) / anémie (FTC)
- glycémie, HbA1c et bilan lipidique : hyperglycémie et hypertriglycéridémie (FTC)
- bilan hépatique : ASAT et ALAT, gamma-GT, PAL et bilirubine : perturbations du bilan hépatique (FTC)
- amylase, lipase : augmentation (FTC)
- ionogramme (Na, K, Cl), calcium, phosphore : tubulopathie proximale (TDF)
- CPK : augmentation avec ou sans rhabdomyolyse (FTC / TDF)
A noter que si vous avez un bilan hormonal mensuel MtF, rien ne vous empêche de coupler les paramètres du Truvada avec les paramètres hormonaux...
Bisous
Mohini
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Post by Mohini on Sept 20, 2018 15:06:54 GMT 1
Bonjour les filles,
Dans ce post, nous allons intéresser aux interférences médicamenteuses entre Truvada et médicaments de la vie courante (hors THS)
Je ne parlerai ici que des médicaments de la vie courante, c'est-à-dire ceux que toute personne peut être amenée à prendre à un moment de sa vie, ce qui exclue les autres ARV (qui eux rentrent dans le cadre de l'aspect thérapeutique du VIH et non préventif) ainsi que les opiacés de substitution (destinés aux toxicomanes)
Il faut savoir de prime abord que la FTC et le TDF sont des médicaments à élimination rénale. Donc schématiquement tout médicament pouvant interférer avec la fonction rénale risque de diminuer l'élimination rénale de la FTC et du TDF et augmenter ainsi la toxicité rénale du TDF.
Les médicaments pouvant interférer avec la fonction rénale sont :
- noté dans le Vidal : les AINS (Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens) : ils sont utilisés comme antipyrétique et/ou antalgique pour douleurs dentaires, dorsales, inflammatoires... Leur utilisation sur une courte durée est possible mais leur utilisation au long cours et à fortes doses doit être prudente
- déduction par extension : les médicaments antihypertenseurs agissant au niveau rénal : diurétiques, inhibiteurs de l'enzyme de conversion et inhibiteurs des récepteurs de type 1 à l'angiotensine II. les antihypertenseurs étant par définition indispensables, leur utilisation concomitante avec le Truvada nécessitera une surveillance plus régulière de la fonction rénale.
Comme on peut le voir, le Truvada a au final peu d'interférences médicamenteuses comparativement à d'autres ARV qui ont un grand nombre d'interférences.
Bisous
Mohini
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Post by Mohini on Nov 2, 2018 16:41:36 GMT 1
Bonjour les filles, Dans ce post, nous allons nous intéresser aux interactions médicamenteuses entre Truvada et THS. Jusqu'à récemment, les équipes médicales étaient persuadées qu'il n'y avait aucune interférence entre THS et les ARV. Cette année, en 2018, 2 études préliminaires ont été présentées à la 22 ème conférence internationale sur le SIDA qui a eu lieu à Amsterdam. Je vous joins les présentations Powerpoint de ces 2 études (en anglais) : AIDS2018_Cottrell_pptFinal_FHT_TDF.pptx (193 KB) Akarin_iFACT 4-3.pptx (306.7 KB) - la première étude a été réalisée par l'équipe américaine de Cottrell (Caroline du Nord) : l'étude montre que l'estradiol induit la synthèse qui augmente le dATP qui est le nucléotide physiologique qui entre en compétition avec la forme active du TDF (TFVdp). La détermination de la concentration de ces composés au sein des biopsies de tissu rectal réalisées chez les MtF montre que la forme active du TDF est diminuée par rapport au niveau de concentration obtenu chez les femmes cis et les hommes cis... - la deuxième étude a été réalisée par des médecins Thaï montre que le niveau de TFV diminue après démarrage du THS Donc pour résumer : le THS (en particulier l'estradiol) diminue le niveau de concentration du TDF sous sa forme active et donc par là même induit un risque de diminution de l'efficacité du Truvada chez les femmes trans. Là on pourrait se dire que l'on peut doser les 2 molécules du Truvada : emtricitabine et ténofovir. Le hic est que la grande subtilité de la NABM (Nomenclature des Actes de Biologie Médicale) est que ces dosages sont pris en chargé à 100% uniquement pour les personnes infectées par le VIH ce qui exclue d'office les personnes sous PrEP. Pour info, chaque dosage coûte 32,40 €, soit 64,80 € pour le dosage des 2 composants du Truvada... Bisous Mohini
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Post by Mohini on Nov 2, 2018 20:58:14 GMT 1
Bonsoir à toutes, Dans ce post, nous allons nous intéresser au rythme de prise de la PrEP.Schématiquement il existe 2 protocoles de PrEP : - la prise continue : seul protocole autorisé dans le cadre de l'AMM du Truvada et génériques- la prise à la demande : protocole non validé dans l'AMMQuelques lectures à cet effet :* www.aides.org/prep* schemas_PrEP_demande-continue.pdf (771.31 KB) Il faut savoir que l'imprégnation tissulaire efficace est obtenue au bout d'un délai de 7 jours pour la muqueuse rectale et au bout d'un délai de 21 jours pour la muqueuse vaginale.Toutefois, il ne faut pas oublier que chez la femme trans, on a une diminution de l'efficacité du ténofovir par interaction entre THS et Truvada (cf. post précédent)La combinaison de l'ensemble des données montre que l'unique schéma posologique valable pour les filles comme nous, c'est un schéma à prise continue : cela assure ainsi un niveau d'efficacité en terme de concentration (car l'accumulation quotidienne du Truvada permet d'obtenir un niveau de concentration efficace), et ce quelque soit le type de rapports (anal pour les non-op, pré-op, post-op / néo-vaginal pour les post-op) Il faut par ailleurs éviter tout rapport à risque pendant les 21 premiers jours de prise de Truvada pour atteindre le niveau d'efficacité optimale.Bisous Mohini
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Post by Mohini on Nov 3, 2018 10:19:00 GMT 1
Bonjour les filles,
Dans ce post, nous allons parler du suivi médical lors de la prise du Truvada.
Comme on peut s'en douter, la prise de Truvada impose une consultation médicale trimestrielle par le médecin prescripteur du CeGIDD.
Cette consultation est impérative et a plusieurs buts :
- suivi biologique des effets secondaires potentiels du Truvada (cf. supra)
- recherche des IST : ce volet est très important car le maintien de la prescription du Truvada implique un suivi obligatoire en matière de santé sexuelle. Voici les recherches les plus courantes : * sérologie HIV * sérologie hépatite C * Ac anti-HBs et Ag HBs (si non réalisées à la consultation initiale) * sérologie syphilis * recherche de Chlamydia : la recherche minimale doit se faire sur premier jet urinaire. A savoir que la recherche de Chlamydia peut être demandée sur d'autres sites selon le CeGIDD : bouche et anus (ceci est le cas par exemple à l'APHP du fait d'un protocole du Professeur Jean Michel Molina qui a géré et gère toujours les essais cliniques de la PrEP en France) Cette liste est une liste dite minimale : elle est loin d'être exhaustive car le médecin du CeGIDD peut augmenter la panoplie d'examens selon les symptômes que vous décrirez.
- vaccinations si besoin pour des IST : le CeGIDD est habilité à réaliser des vaccinations pour les IST suivantes : * hépatite A : bien que de transmission digestive (donc pas par voie sexuelle), les rapports anaux changent la donne en la transformant en authentique IST * hépatite B * HPV (papillomavirus) : sous réserve que vous soyez une jeunette de moins de 27 ans --> vaccination non autorisée pour les vieilles (comme moi) qui transitionnent sur le tard, au motif que les études de tolérance clinique n'ont été réalisées que chez les sujets de 9 à 26 ans. Là on tombe dans la discrimination de l'âge : car en pratique, je pense que l'activité sexuelle est plus soutenue au-delà de 30 ans du fait d'une plus grande maturité sexuelle (ceci est juste mon avis mais je suis une vieille donc je prêche forcément pour mon âge!...)
En bref, le suivi trimestriel auquel toute femme trans doit s'astreindre en cas de PrEP n'est pas foncièrement contraignant et au final contribue à une meilleure santé sexuelle par le dépistage d'éventuelles IST à un stade précoce (donc avant les complications) car comme je ne cesserai de le répéter, la PrEP ne protège que contre le VIH et nullement contre les autres IST.
Bisous
Mohini
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