Post by Mohini on Jun 25, 2018 8:37:49 GMT 1
Bonjour à toutes,
Un topic avec un titre bien curieux, me direz-vous... Et pourtant, quand vous aurez lu mes posts dans ce topic, vous comprendrez que ce topic n'a sa place nulle part ailleurs car il est à la croisée de plusieurs chemins.
La notion de transidentité est intimement liée à la notion de sexe car la transidentité touche à notre identité propre, aussi bien celle que nous percevons de nous mêmes que celle que nous renvoyons aux autres. Pourtant, la notion de sexe est souvent limitée dans l'inconscient collectif tant médical que MtF à la partie uniquement physique, alors même que la réalité est bien plus complexe que cette vision basique du sexe. C'est ce que je vais essayer de montrer dans ce topic... puis de montrer là où le monde médical agit (et aussi là où il ne peut rien faire)
Chaque individu se définit par 4 sexes différents (je ne parle pas de la dichotomie masculin / féminin) :
1/ le sexe génétique
Encore appelé chromosomique, il est défini par la constitution de nos chromosomes sexuels : X et Y. Ainsi sur le plan génétique, un individu XY est défini comme masculin tandis qu'un individu XX est défini comme féminin.
Les chromosomes X et Y ont une partie commune (dite pseudo-autosomique). Mais le chromosome Y comporte une zone non commune avec le X (zone spécifique) : c'est dans cette région que se situe le gène essentiel de la différenciation masculine : le SRY (Sex determining Region of Y chromosome). Ce gène code pour un facteur de transcription de petite taille (204 acides aminés) mais d'une importance capitale (sans SRY, pas de différenciation masculine). Cette petite protéine est encore TDF (Testis Determining Factor). Le TDF se fixe sur certaines régions de l'ADN et active la transcription de gènes cibles dont ceux impliqués dans la différenciation du tissu gonadique foetal en testicule. Le testicule foetal va à son tour synthétiser par le biais des cellules de Leydig la testostérone pour induire la différenciation masculine de l'organisme --> cela va permettre d'introduire la notion de sexe physique dans le paragraphe suivant.
2/ le sexe physique
Le sexe physique se définit par les caractères sexuels primaires (organes génitaux de type testicule / ovaire) et secondaires (pilosité pubienne variable selon le sexe, voix chez l'homme, poitrine chez la femme etc...)
En théorie, il existe 1 sexe physique masculin et 1 sexe physique féminin. Si je dis en théorie, c'est parce que l'on peut avoir des malformations génitales responsables d'un caractère intersexué, c'est à dire des organes génitaux dont l'aspect physique tire sur les 2 versants masculin et féminin originels.
A cette dualité phénotypique (bleu / rose) couplée à une palette de violet (intersexué), se rajoute une complexité supplémentaire : une discordance entre le génotype XY et l'apparence externe des organes génitaux.
Cette discordance sexe génotypique / sexe physique apparent est réalisé :
- par mutation du gène SRY : dans ce cas, la protéine TDF n'est pas fonctionnelle et la différenciation sexuelle se fait en mode par défaut, soit le mode féminin. Dans ce cas, on a une femme de génotype XY avec une différenciation complète féminine fonctionnelle (utérus / ovaires etc...)
- par mutation du récepteur aux androgènes (Androgen Receptor) au niveau du site de liaison des androgènes ce qui fait que le récepteur muté ne fixe aucun androgène. Cela réalise le SICA (Syndrome d'Insensibilité Complète aux Androgènes)
Cette anomalie se manifeste sur le plan phénotypique par les éléments suivants :
* orientation cérébrale de type féminin (pas d'effet de la testostérone sur les aires cérébrales)
* aspect extérieur féminin typique avec organes génitaux externes de type féminin (vulve, vagin)
* absence de développement de l'utérus sous l'effet de l'AMH (Hormone Anti-Mullérienne sécrétée pendant la vie foetale permettant la régression des canaux de Mûller à l'origine de l'utérus et des trompes)
* présence des testicules (déterminé par le chromosome Y pour mémoire) en position intra-absdominale
--> cela donne donc le tableau d'une adolescente ou d'une jeune femme adulte présentant une aménorrhée primaire (= absence de règles totale depuis la puberté)
Le SICA montre que malgré le génotype XY (et la présence de testicules), le cerveau a une orientation féminine, ce qui permet d'introduire la notion suivante en matière de sexe : le sexe cérébral
3/ le sexe cérébral
Lors de la vie foetale, les organes génitaux se forment avant le cerveau. Ainsi la testostérone sécrétée par les testicules foetaux va induire une différenciation des aires cérébrales en mode masculin SAUF si la forme de l'AR au niveau du cerveau (forme dite AR45) porte elle même une mutation...
Et dans ce cas de figure précis, on obtient un individu de sexe génétique masculin, de sexe physique masculin MAIS de sexe cérébral féminin. Pendant l'enfance, il n'y a pas de testostérone donc pas d'anomalies de fonctionnement cérébral. Mais à la puberté, l'inondation androgénique (testostérone et aussi androgènes sous l'effet de la GH = Growth Hormone ou hormone de croissance) va déclencher le sentiment de la dysphorie.
Une question demeure quand même : la dissonance du sexe cérébral se définit-elle par rapport au sexe génétique ou au sexe physique?
* Si l'on part sur la dissonance envers le sexe génétique, les sujets XY atteints de SICA n'ont pas de dysphorie de par l'insensibilité totale aux androgènes et pourtant on a une discordance...
* Si l'on part sur la dissonance envers le sexe physique, les sujets XY atteints de SICA n'ont pas de dysphorie puisque il y a conformité entre sexe physique apparent et sexe cérébral....
4/ le sexe hormonal
Comme nous avons pu le voir précédemment, les hormones ont un rôle prépondérant et en particulier la testostérone qui agit (ou pas) sur le cerveau. Mais les hormones ont un spectre d'action infiniment plus large que tout ce que l'on peut imaginer. En effet, leurs récepteurs sont présents même dans des tissus non hormono-dépendants tels que le tissu osseux, le système immunitaire (pour ne citer que les exemples flagrants).
Concernant le système immunitaire, il faut savoir que toute modification hormonale (style THS) va engendrer un rééquilibrage du système immunitaire (nous le verrons plus tard) et pas forcément dans le bon sens que l'on pourrait imaginer (et là on rentre dans le côté obscur du THS)
Comme le disaient mes parents, l'organisme n'est pas une juxtaposition d'organes mais une étroite collaboration entre les organes donc la moindre petite modification de fonctionnement peut avoir des conséquences à l'échelle de l'organisme.
Mohini
Un topic avec un titre bien curieux, me direz-vous... Et pourtant, quand vous aurez lu mes posts dans ce topic, vous comprendrez que ce topic n'a sa place nulle part ailleurs car il est à la croisée de plusieurs chemins.
La notion de transidentité est intimement liée à la notion de sexe car la transidentité touche à notre identité propre, aussi bien celle que nous percevons de nous mêmes que celle que nous renvoyons aux autres. Pourtant, la notion de sexe est souvent limitée dans l'inconscient collectif tant médical que MtF à la partie uniquement physique, alors même que la réalité est bien plus complexe que cette vision basique du sexe. C'est ce que je vais essayer de montrer dans ce topic... puis de montrer là où le monde médical agit (et aussi là où il ne peut rien faire)
Chaque individu se définit par 4 sexes différents (je ne parle pas de la dichotomie masculin / féminin) :
1/ le sexe génétique
Encore appelé chromosomique, il est défini par la constitution de nos chromosomes sexuels : X et Y. Ainsi sur le plan génétique, un individu XY est défini comme masculin tandis qu'un individu XX est défini comme féminin.
Les chromosomes X et Y ont une partie commune (dite pseudo-autosomique). Mais le chromosome Y comporte une zone non commune avec le X (zone spécifique) : c'est dans cette région que se situe le gène essentiel de la différenciation masculine : le SRY (Sex determining Region of Y chromosome). Ce gène code pour un facteur de transcription de petite taille (204 acides aminés) mais d'une importance capitale (sans SRY, pas de différenciation masculine). Cette petite protéine est encore TDF (Testis Determining Factor). Le TDF se fixe sur certaines régions de l'ADN et active la transcription de gènes cibles dont ceux impliqués dans la différenciation du tissu gonadique foetal en testicule. Le testicule foetal va à son tour synthétiser par le biais des cellules de Leydig la testostérone pour induire la différenciation masculine de l'organisme --> cela va permettre d'introduire la notion de sexe physique dans le paragraphe suivant.
2/ le sexe physique
Le sexe physique se définit par les caractères sexuels primaires (organes génitaux de type testicule / ovaire) et secondaires (pilosité pubienne variable selon le sexe, voix chez l'homme, poitrine chez la femme etc...)
En théorie, il existe 1 sexe physique masculin et 1 sexe physique féminin. Si je dis en théorie, c'est parce que l'on peut avoir des malformations génitales responsables d'un caractère intersexué, c'est à dire des organes génitaux dont l'aspect physique tire sur les 2 versants masculin et féminin originels.
A cette dualité phénotypique (bleu / rose) couplée à une palette de violet (intersexué), se rajoute une complexité supplémentaire : une discordance entre le génotype XY et l'apparence externe des organes génitaux.
Cette discordance sexe génotypique / sexe physique apparent est réalisé :
- par mutation du gène SRY : dans ce cas, la protéine TDF n'est pas fonctionnelle et la différenciation sexuelle se fait en mode par défaut, soit le mode féminin. Dans ce cas, on a une femme de génotype XY avec une différenciation complète féminine fonctionnelle (utérus / ovaires etc...)
- par mutation du récepteur aux androgènes (Androgen Receptor) au niveau du site de liaison des androgènes ce qui fait que le récepteur muté ne fixe aucun androgène. Cela réalise le SICA (Syndrome d'Insensibilité Complète aux Androgènes)
Cette anomalie se manifeste sur le plan phénotypique par les éléments suivants :
* orientation cérébrale de type féminin (pas d'effet de la testostérone sur les aires cérébrales)
* aspect extérieur féminin typique avec organes génitaux externes de type féminin (vulve, vagin)
* absence de développement de l'utérus sous l'effet de l'AMH (Hormone Anti-Mullérienne sécrétée pendant la vie foetale permettant la régression des canaux de Mûller à l'origine de l'utérus et des trompes)
* présence des testicules (déterminé par le chromosome Y pour mémoire) en position intra-absdominale
--> cela donne donc le tableau d'une adolescente ou d'une jeune femme adulte présentant une aménorrhée primaire (= absence de règles totale depuis la puberté)
Le SICA montre que malgré le génotype XY (et la présence de testicules), le cerveau a une orientation féminine, ce qui permet d'introduire la notion suivante en matière de sexe : le sexe cérébral
3/ le sexe cérébral
Lors de la vie foetale, les organes génitaux se forment avant le cerveau. Ainsi la testostérone sécrétée par les testicules foetaux va induire une différenciation des aires cérébrales en mode masculin SAUF si la forme de l'AR au niveau du cerveau (forme dite AR45) porte elle même une mutation...
Et dans ce cas de figure précis, on obtient un individu de sexe génétique masculin, de sexe physique masculin MAIS de sexe cérébral féminin. Pendant l'enfance, il n'y a pas de testostérone donc pas d'anomalies de fonctionnement cérébral. Mais à la puberté, l'inondation androgénique (testostérone et aussi androgènes sous l'effet de la GH = Growth Hormone ou hormone de croissance) va déclencher le sentiment de la dysphorie.
Une question demeure quand même : la dissonance du sexe cérébral se définit-elle par rapport au sexe génétique ou au sexe physique?
* Si l'on part sur la dissonance envers le sexe génétique, les sujets XY atteints de SICA n'ont pas de dysphorie de par l'insensibilité totale aux androgènes et pourtant on a une discordance...
* Si l'on part sur la dissonance envers le sexe physique, les sujets XY atteints de SICA n'ont pas de dysphorie puisque il y a conformité entre sexe physique apparent et sexe cérébral....
4/ le sexe hormonal
Comme nous avons pu le voir précédemment, les hormones ont un rôle prépondérant et en particulier la testostérone qui agit (ou pas) sur le cerveau. Mais les hormones ont un spectre d'action infiniment plus large que tout ce que l'on peut imaginer. En effet, leurs récepteurs sont présents même dans des tissus non hormono-dépendants tels que le tissu osseux, le système immunitaire (pour ne citer que les exemples flagrants).
Concernant le système immunitaire, il faut savoir que toute modification hormonale (style THS) va engendrer un rééquilibrage du système immunitaire (nous le verrons plus tard) et pas forcément dans le bon sens que l'on pourrait imaginer (et là on rentre dans le côté obscur du THS)
Comme le disaient mes parents, l'organisme n'est pas une juxtaposition d'organes mais une étroite collaboration entre les organes donc la moindre petite modification de fonctionnement peut avoir des conséquences à l'échelle de l'organisme.
Mohini