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Post by alwena on Feb 11, 2019 9:02:21 GMT 1
Le sujet a été initié par une membre ayant quitté AYS elle disait :
Pendant des années, je l'ai crue impossible, inaccessible, irréelle... et pourtant, elle est là jamais je n'aurais pensé pouvoir le dire un jour mais dans un peu plus de deux mois, je serai opérée. Oui. Mais après ? Après on fait quoi ? Il y a-t-il une vie après la vagino ? Avez vous programmé quelque chose pour ne pas mourir d'ennui après ce moment merveilleux de votre vie ? Y avez vous pensé ? Mais vous ? Qu'avez vous fait ? Qu'avez vous prévu ?
coucou
suivant mon expérience il y a bien pré et post vagino moi j'ai vécu le post comme un grand vide : fini les rdv médicaux à courir au 4 coins de l’hexagone à trouver LA meilleure personne pour ceci et cela après les consultations d'usages post opératoires il ne reste de ce parcours qui prend notre vie que des dilatations des consultations annuelles avec l'endocrino qui donne une ordonnance de contrôle " à faire dans 1 an avant consultation " donc oui médicalement çà se réduit au stricte minimum et psychologiquement c'est parfois compliqué de gérer ce sentiment " d'abandon " mais n'oublions pas que si nous sommes dans ce parcours ce n'est pas pour être 'malade' voire hypercondriaque
nous sommes là pour être 'normale' en accord avec nous dans l'unicité de notre cerveau et de notre corps
oui donc il reste quoi ? finalement de connu et d'habituel rien ou si peu
il reste à découvrir les 1ére fois, et il y en a pas mal mais surtout et principalement ' écouter notre corps ' et les nouveaux signaux qu'il envoi il s'agit d’être femme et ne plus être dans le 'faire comme les femmes' que nous avons toutes plus ou moins pratiqué jusqu'à ce moment notre attention était tourné vers le seul élément inutile : notre sexe masculin à éradiquer et ensuite il faut se tourner vers soi-même dans l'intégralité de nous même
concernant ton activité professionnelle, perso je n'en changerais pas tout de suite évidement nous avons en tête un grand nettoyage de printemps mais il faut garder des éléments stables dans notre vie
la vie amoureuse elle se commande moins, moins que celle sexuelle qui lui est associée pour ce qui me concerne j'étais seule au début de mon parcours et c'est d'ailleurs en partie pour çà que j'ai réfléchi sur moi et très vite je me suis décidée à n'avoir aucune relation autre qu'amicale j'avais en tête : si je vis avec qq'un, donc qq'un de nouveau, cette personne sera avec moi pour quoi ? pour ce que je suis maintenant à l'instant T c-à-d une femme dans un corps d'homme et ou changer changera son regard sur moi ou sera-t-elle là pour ce que je serai plus tard ( maintenant ) je n'ai pas voulu choisir, je n'ai pas voulu m'encombrer l'esprit de ces questionnements les plus importants étant ceux liés à mon état
depuis ? je vis toujours seule mais je suis amoureuse et là aussi c'est compliqué : c'est un très bonne amie et je ne veux pas la perdre est-elle lesbienne ? pour le moment elle a une vie hétéro mais elle est très proche de moi et connais mon parcours et elle partage tous les "moments" de ma vie
j'en suis à vouloir lui dire tendrement "je t'aime" dans ma vie de femme lesbienne et non plus trans car c'est un cap à passer ( bien qu'elle m’ait connue prè op) mais peut être est-ce plus facile dans une relation hétéro que homo
oui il y a une vie sentimentale et sexuelle en post op mais nous ne sommes que des ados de ce point de vue tout est nouveau et à mettre en ouvre "à l'aveugle" il faut dépasser ce moment psychologique du : je dis ou je ne dis pas pour la vagino pour le fait d'avoir vécue une partie de ma vie dans un autre corps et çà occupe bien notre esprit (lol)
personnellement je n'avais rien prévu et j'étais dans la situation de laisser venir laisser venir ce nouveau corps laisser venir des nouvelles sensations laisser venir un nouvel équilibre social, sans tout chambouler laisser venir.... le temps, la vie
bises
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Post by Mohini on Feb 14, 2019 10:19:22 GMT 1
Bonjour Sophia,
Bien que n'étant pas opérée (et pas sûre que je puisse l'être...), je peux essayer de répondre à ta question car j'avais déjà envisagé cette projection temporelle (et si j'étais opérée?...)
Ce que je dis est valable spécifiquement à moi car là je parle de mon expérience personnelle (ce qui est rare). J'ai fait mon coming out intégral en fin Novembre 2016. Depuis, 26 mois se sont écoulés... Ta question m'a poussée à faire un petit bilan de ces mois passés : au final je me rends compte que pendant ce laps de temps, ma vie n'a jamais été centrée autour de ma transition.
Ceci est dû à un double phénomène :
- d'une part, l'apprentissage dans mon enfance : ma mère me disait souvent que la transition médicalisée ne devait jamais remplir ma vie sur tous les champs de mon existence (privée, familiale, publique...). Elle considérait que la transition était simplement un traitement visant à corriger une anomalie génétique et qu'il ne fallait jamais se focaliser uniquement autour de ça car ce n'est pas la vraie vie
- d'autre part, sur ces 26 mois, hormis 7 mois d'accalmie où j'ai pu penser à autre chose, mon esprit était (pré)occupé par mon conjoint (entre les 5 premiers mois de vie commune où il craignait de se faire opérer pour sa tumeur cérébrale, les 6 mois suivants où il a été hospitalisé... puis les 6 derniers mois passés où il était dans le coma suite à un grave accident) et avec à côté tout le reste en vrac : mon fils et la fille de mon conjoint, mon activité professionnelle civile et mon activité non civile... Au final, je n'ai jamais eu le temps de penser réellement à moi (sauf depuis quelques jours où mon conjoint est enfin sorti du coma... il n'est pas tiré d'affaire car la convalescence va être longue mais il est sorti de la zone critique on va dire...)
Si j'étais opérée, cela ne changerait rien à ma vie actuelle (hormis ma vie intime) et mon existence sera toujours aussi stressante comme à l'accoutumée et pour rien au monde, je ne souhaiterais changer cela car depuis ma tendre enfance, j'ai été entraînée à cela, même si je sais au plus profond de moi même, qu'avec mon rythme de vie, je mourrais avant l'âge de la retraite (comme la génération précédente... et comme ceux de ma génération dont 5 membres ont disparu dans l'accident) et que jamais je ne verrai mes petits-enfants (dans ma famille, tout le monde est fait pour devenir grand-parent à titre posthume...). Cela ne me rend pas triste car le fait de savoir ce qui m'attend fait que je m'y suis préparée psychologiquement mieux que si ça me tombait comme ça.
Puis-je considérer que j'ai perdu 41 années de mon existence pour faire ma transition finale ?... Non car ma pré-transition de mes 9 à 15 ans a permis de préparer de façon très minutieuse (quasiment militaire...) ma transition finale. De plus à mes 15 ans mes parents m'ont proposé le choix de faire ma transition dans la foulée ou de la retarder d'un quart de siècle, et j'ai choisi pour la deuxième option...
Mais je précise que ce j'exprime là est propre à moi... donc pas transposable sur une autre personne. C'est lié aux spécificités de tout mon parcours de vie (qui est tout sauf banal...)
Bisous
Mohini
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Post by Mohini on Feb 14, 2019 20:54:12 GMT 1
Bonsoir Sophia,
La véritable question qui se pose pour tout être humain est la suivante : du fait d'une date de péremption propre à nous, quelle vie souhaite-t-on mener? se laisser dépasser par les événements OU accepter le fait que nous ne sommes que de passage et vivre notre vie au maximum?
Moi j'ai choisi la seconde option....
Lors d'une grande réunion de famille quand j'avais 10 ans, tous les enfants de ma génération et moi étions réunis (111 enfants au total dont Irina qui était née la même année que moi mais qui mourut à 22 ans d'un cancer des ovaires, peu après la disparition de mes parents).
Mon père nous a expliqué selon ses propres termes lors de cette réunion : "Vous les enfants êtes à l'image de ma génération, c'est-à-dire avec les sens du devoir, de l'honneur et du sacrifice. Vous êtes comme des soleils à part entière. Comme le soleil, vous apporterez connaissance, réconfort et aide à autrui...Mais comme le soleil, chaque jour, vous consumerez votre propre énergie au profit des autres. Et quand les dernières cellules de votre corps auront brûlé, vous mourrez". L'une de mes cousines qui s'appelle Moïra (qui a perdu son mari dans l'accident) n'avait que 7 ans à l'époque. Elle avait posé la question suivante : "pourquoi devons nous sacrifier notre énergie pour des êtres ingrats? Si nous ne le faisions pas, nous pourrions vivre plus longtemps"... Logique implacable de ma cousine... Ma mère lui répondit : "les choses sont ainsi... car après tout, il nous faut bien mourir de quelque chose. et tout le monde n'est pas ingrat tu verras. C'est notre devoir de protéger et d'aider les gens".
Après l'enterrement des membres disparus de ma famille, j'avais rappelé à Moïra cet épisode non sans tristesse (elle avait perdu son mari âgé de 45 ans et moi, mes 2 frères aînés âgés de 51 et 49 ans) et Moïra me rétorqua : "tes parents avaient raison pour la notion de devoir et de sacrifice... Je me rends compte à quel point ces paroles étaient vraies..."
Alors depuis la disparition de mes frères, je vis pour 3 (mes 2 frères et moi même) car je suis l'unique enfant restante de ma fratrie. Chaque jour je fais - comme tous les miens - le maximum pour contribuer à améliorer ce monde car cela me donne un but et aussi me permet de ne pas penser à la transition et à ses effets indésirables non pas médicamenteux mais purement humains (la crasse des déchets et rebuts de l'Humanité qui me traitent de "travelo" voire de "pute de luxe" au motif que je suis toujours en jupe, escarpins et maquillée)
Sinon pour ta prochaine existence Sophia, il faut savoir que contrairement à ce que l'on pense, il n'y a pas de contrat ni de petites lignes... Appelons cela simplement un recyclage à une échelle qui dépasse tout ce que l'on peut imaginer... Mais ça, ce sont des connaissances qui n'appartiennent pas à ce monde!
Bisous
Mohini
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Post by alwena on Feb 16, 2019 6:15:53 GMT 1
coucou
voila... trouver le bon crayon pour écrire sa propre vie sur la bonne feuille
je pense que ce genre de choses c'est comme l'amour qui plus on le cherche et moins on le trouve çà fait partie de demain c'est avoir un raisonnement différent sur une vie différente car un corps différent c'est un peu anxiogène car dans notre parcours il nous faut tout contrôler et maitriser puis du jour au lendemain (littéralement) nous passons dans autre chose c'est quasiment que de l'inconnu et pourtant il faut faire confiance
il faut avoir confiance que notre crayon viendra et que nous aurons la bonne feuille pour écrire
bises
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fluorine
Senpai
[Genre] F très atypique
[THS] 2017 aout - semi sauvage ( suivi par medecin )
[CRS] En attente
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Post by fluorine on Feb 16, 2019 12:08:08 GMT 1
Bonjour Sophia,
Je ne sais plus qui disais que la vie est une tartine de m... dont on mange un morceau chaque jour. Ce n'est que trop souvent vrai.
J'ai aussi ma dose dans un autre style avec des migraine sévères associées à des dépressions et anorexies. J'avais perdu tout gout de vivre et j'attendais la fin. J'avais renoncé à lutter. Je ne suis guère courageuse non plus, je dois le reconnaitre.
Les relations... Tant que l'on est de bonne compagnie, il y a du monde. Dès que l'on est à la sauce vinaigre, on se retrouve toute seule. J'ai connu cela et je ne peux pas ne pas répondre à ta détresse et t'apporter mon soutien. J'aurais eu très besoin de ne serais ce qu'un petit message d'amitié. C'est peu de chose, mais c'est un rayon de soleil qui réchauffe le coeur.
C'est vrai que lors de la souffrance, on devient quelque peu hérisson. L'amitié c'est aussi de pardonner de telles réactions.
C'est un miracle que je sois encore en vie. Mais il y a les impondérables de la vie qui sont parfois une bonne surprise. Un chouette médecin, une relation pro, qui m'a donné une info cruciale sur les migraines. Des conséquences surprenantes dont j'ai su tirer profit contre les migraines. Je ne croyais plus me débarrasser un jour des ces horribles migraines et pourtant.
Plusieurs fois je croyais que j'allais à la catastrophe, l'appréhension exagère très souvent le risque. Ma femme en 2013 a dû subir une opération à risque. Je l'ai quitté la veille de l'opération à l’hôpital, j'étais en larmes tout le trajet ( env. 100 km ). Je ne savais pas si le lendemain je n'allais pas être veuve. Heureusement cela s'est bien passé, mais avec des séquelles importantes. Elle sait que je suis là et que je la soutiendrais sans réserves.
Je suis là et je pense bien fort à toi. Ce sont des moments de stress intense.
Je t'envoie plein de pensées positives.
Bises.
Fluorine
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Bonjour Mohini,
Je découvre ton message avec consternation. Pourquoi est ce toujours à des personnes dévouées et sympa que de telles catastrophes arrivent ? Dans mes pires moments, j'ai aussi tenté d'apporter mon aide, sinon à quoi servons nous ? Tu soulèves un point important au sens de la vie. Il ne faut guère espérer de remerciement. Les animaux sont souvent plus humains que les humains.
Je t'adresse tout mon soutien et mon amitié. En te souhaitant des jours meilleurs de tout mon cœur et un bon rétablissement à ton conjoint. Je sais que ce sont des moments très durs, j'ai connu, mais aussi des moments intenses.
Amicalement,
Bises,
Fluorine
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Post by jeanne on Mar 1, 2019 20:24:47 GMT 1
Bonsoir à toutes
attirée par le sujet, qui me concerne tout particulièrement, puisque je suis en plein dans le "et après", 4 mois après même, j'ai (rapidement j'avoue) parcouru vos messages. si nos messages étaient des traces de pas laissées dans la neige, je peux dire qu'il serait probablement difficile de distinguer mes traces de celles de la plupart d'entre vous, et certaines traces de pas plus particulièrement.
cet "et après" illustre parfaitement une idée, une sensation que j'ai depuis un certain temps concernant la question de la perspective. La perspective vu comme notre façon d'appréhender la vie en fonction de l'endroit de notre vie auquel on se trouve (le temps étant une suite des lieux que l'on parcours au cours de notre vie). Et selon l'endroit de notre vie ou l'on se trouve, on perçoit, on voit des choses que l'on aurait pas imaginé plus tôt. précisément à cause de la perspective, de la même façon que l'on ne voit pas les mêmes choses lorsque l'on est en bas d'une montagne et lorsqu'on a grimpé la montagne et que l'on peut accéder à l'horizon et voir selon les cas soit qu'il est beau et découvert ou que nous sommes perdues au milieu d'une forêt impénétrable que même le regard au loin n'arrive pas à épuiser. Quand on est située à l'avant-opération on a une vue des choses qui a de bonnes chances d'être modifiée une fois que l'on se trouve à l'après opération.
après avoir dit tout cela, je devrais révéler que l'après opération est vraiment très différent de l'avant. pas la peine de sortir des théories fumeuses si c'est pour dire que bof non en fait ça ne change pas grand chose...mon coté fumiste?
cela change en effet beaucoup. d'abord pour ce qui me concerne j'ai passé trois mois complétement épuisée. à se demander si ma fatigue n'était pas plus psychologique que physiologique, même si j'ai en pas tout à fait une année eu trois anesthésies générales en plus d'une greffe capillaire d'une journée et de nombreuses heures de séances d'épilations électriques peu agréables...
la vagino blues ou la transition blues? que faire en effet maintenant que j'ai quasiment terminée une transition débutée il y a trois ans? effectivement à courir les certificats, les consultations, dont de nombreuses à trois heures de tgv de chez moi, à rechercher le bon médecin (j'ai fait le parcours libre comme on dit), à éplucher les forums et les avis, à discuter à droite et à gauche, à me poser un tas de question, à prendre des décisions, à hésiter, à prendre quand même les décisions, à réussir par se faire opérer, à connaitre les montagnes russes émotionnelles d'espoirs et de déceptions et enfin atteindre l'inaccessible rêve, ou du moins la réalité qui nous paraissait tellement inaccessible tout en bas de la montagne. et le jour arrive et voilà, c'est fait. on pleure un bon coup. et après? pour moi, l'après a été d'abord joyeux et heureux, jusqu'au retour en France. Alors, une fatigue profonde, inconnue jusqu'alors m'a complétement écrasée au fond de mon lit et puis cela a été les emmerdantes dilatations qui vous dévorent une partie de la journée (au début pas loin de 6 heures par jour), ensuite l'inquiétude que tout se passe bien sans savoir vraiment comment savoir si tout se passait bien, et puis la reprise du travail, et puis finalement un grand vide. et oui, et maintenant que faire? l'opération n'est pas une fin en soi. elle n'apporte pas l'épanouissement tombé du ciel, ni n'est la sortie de la vallée des larmes. elle offre juste la possibilité d'une vie nouvelle. mais une vie nouvelle qui ne tombe pas comme un fruit mur de l'arbre. Une nouvelle quête commence. et plus complexe. apprendre à vivre enfin. un merveilleux programme auquel on est pas habituée.
bisous ps : pas de malentendu. je n'ai aucun regret.
Jeanne Canopée (ré)
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Post by jeanne on Mar 2, 2019 0:08:04 GMT 1
Le graal ce n'est pas d'abord d'être belle, c'est d'être crédible. et si belle en plus. bonus. mais comment savoir si nous le sommes crédible? comme la princesse au bois dormant, seule le prince charmant ou une autre charmante princesse pourra nous le dire et nous éveiller à notre nouvelle vie, seul le baiser de l'amour sera la preuve que nous sommes crédible. n'écoute pas les mots assassins de Iago. La Jalousie seule et non la Vérité a porté jusqu'à toi ses mots venimeux. Courage, c'est juste avant l'aube que la nuit est la plus noire. Tu arriveras à l'opération et tu te diras et voilà, c'est fait, c'était donc si simple?! tu auras traversé le miroir et il ne se sera pas brisé. ô magie.47 jours, ce n'est rien. c'est presque demain.
Bisous.
Jeanne
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Post by Mohini on Mar 2, 2019 9:54:22 GMT 1
Bonjour à toutes, jeanne La fatigue que tu ressens est "normale" ce que l'on appelle schématiquement la décompression psychique (à ne pas confondre avec une décompensation psychique) : quand une chose te tient à coeur au point de t'induire un stress énorme et que tu as résolu les soucis qui en découlent, ton organisme se relâche et tu passes en mode "vieille mamie épuisée". En effet, la source de stress a disparu mais ton organisme a tellement été malmené qu'il lui faudra plusieurs mois de récupération psychique qui va agir sur la récupération physique. Je peux tout à fait imaginer la fatigue qui en découle car je suis en plein dedans : pas en post-op d'une vagino comme toi mais juste que mon conjoint est sorti du coma : je me suis démenée à courir de tous les côtés que j'étais arrivée à dormir très peu pour trouver une solution pour le soigner. Depuis que j'ai réussi et qu'il a pu rouvrir les yeux et prononcer quelques mots - il a démarré par les 3 mots que n'importe quelle femme aimerait entendre - je suis plus que claquée. Si je m'écoutais, je passerai en mode "mamie ourse en hibernation" Ce phénomène de décompression mentale est non seulement logique mais surtout salutaire pour l'organisme pour récupérer des dégâts liés aux hormones de stress (diminution de la sensibilité au glucose, résistance à l'insuline, augmentation des hormones de stress, augmentation modérée de la pression artérielle etc etc...) Ma mère avait une expression pour caractériser la transition : elle me répétait que l'on avait toujours peur en se disant que ça va être long, compliqué etc... et que oui ça le sera, mais que la transition passera le temps d'un battement de cil (ce qui fut mon cas d'ailleurs) @sophia Si tu défonces ton ex-pseudo-amie, tu risques d'être inculpée pour les motifs suivants : "coups et blessures" avec "menaces de mort" (si tu l'as menacée dans ce sens) voire "homicide involontaire" (si tu la tues par inadvertance) et à l'extrême, "homicide volontaire avec préméditation" (si tu as planifié les choses...). Donc à éviter! Mais dis toi une chose : le Destin est une chose bien particulière et il se chargera de faire le nécessaire au moment où ton ex-pseudo-amie s'y attendra le moins. Plus sérieusement, pour en revenir aux quolibets, n'en tiens pas compte. Vois le côté positif des choses : cela permet de faire le ménage et d'éliminer les pseudo-amis, les pseudo-connaissances sans intérêt car leur propre vie est futile, basée sur l'apparence etc... A titre d'exemple, moi aussi j'ai eu droit à des gags assez corsés aussi mais cela m'était égal car au fond je sais que le Temps aura raison de mes détracteurs. Pour te donner quelques exemples, un patient était venu au labo et avait dit à la secrétaire qu'il ne voulait pas se faire piquer par le travelo de service (moi). Une autre fois, une laborantine m'avait dit que ça se voyait que j'avais un visage masculin malgré mon maquillage etc... Une autre laborantine m'avait dit que j'avais un peu de ventre quand même (dixit celle qui faisait 120 ou 130 kg quand même...). Une fois j'ai même été traitée de "pute de luxe" (mon conjoint avait ironisé en disant que je devais voir le côté positif puisque je reste quand même dans la catégorie de luxe). Ce qu'il faut bien comprendre c'est que le monde des femmes cis est loin d'être idyllique contrairement à ce qu'on peut penser (j'en sais un rayon avec l'environnement très féminin du labo) surtout si l'on est une femme trans lesbienne (car forcément on est moins objective et on se dit que les hommes sont à jeter au pilori et que les femmes sont mieux) : la réalité est bien plus cruelle car tu as les femmes cis : - qui se négligent régulièrement alors que les femmes trans se doivent de faire attention à elles --> jalousie - qui considèrent qu'une femme trans va chasser sur leur terrain (en terme de partenaire de sexe voire de vie) - qui pensent qu'une femme trans n'est pas une vraie femme : juste une femme reconstruite par la technologie médicale (et là c'est l'inverse chez les hommes car une femme trans op est une femme tout court avec 2 orifices à son entrejambe) - qui pensent qu'une femme trans n'arrivera jamais à leur hauteur car une femme trans a juste un vagin et ne peut pas donner la vie alors que les "gentilles" femmes cis sont les garantes de la perpétuation de l'espèce A toutes ces inepties cis, je rétorquerai qu'une femme trans est supérieure à une cis sur plusieurs points : - une femme trans a été dans le camp masculin puis bascule en féminin donc est capable de savoir et de comprendre plus facilement les désirs d'un homme - une femme trans a côtoyé des femmes cis en partenaires de vie et a appris ce qu'elle ne devait pas faire en femme (globalement être moins débile qu'une femme cis basique) - une femme trans sera souvent plus sophistiquée qu'une cis qui se néglige - une femme trans peut avoir déjà donné la vie donc fait l'expérience de la parentalité dans sa vie masculine passée tout en se comportant plus en maman qu'en papa Alors soyons toujours fières de ce que nous sommes sans jamais en avoir honte! Bisous Mohini
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Post by jeanne on Mar 2, 2019 11:18:06 GMT 1
"Alors soyons toujours fières de ce que nous sommes sans jamais en avoir honte!"
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Post by alwena on Mar 2, 2019 12:04:31 GMT 1
Soyons fières de ce que nous sommes sans jamais en avoir honte car peu de personnes pourrait endurer une épreuve aussi compliquée et exigeante que la notre même différente
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fluorine
Senpai
[Genre] F très atypique
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[CRS] En attente
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Post by fluorine on Mar 2, 2019 13:26:50 GMT 1
Bonjour Sophia,
Il y a des moments où je préfère mes chats aux humains. Eux au moins donnent une amitié sincère et sont fidèles pour la vie.
Je tente de croire malgré tout qu'il y a des humains qui en valent la peine. J'en ai rencontré.
La méchanceté de quelques uns n'est pas rare. La vie se chargera d'eux. Ce que tu as enduré me révolte.
Je crois surtout en la beauté de l'âme.
Nous sommes des hypersensibles pour beaucoup d'entre nous ici.
Je le suis depuis très longtemps, au sens psychiatrique, et c'est très dur à vivre. Je débute les hormones depuis peu et les effets, déjà, sont terribles. Nos traitements et nos parcours tendent à renforcer notre hypersensibilité.
La chirurgie est encore lointaine pour moi. J'extrapole en imagination et je n’échapperais certainement pas à l'effet de yoyo ou de montagnes russes moi non plus.
Aussi je t'apporte de même mon soutien de tout mon coeur.
J'ai la conviction que tu es une femme d'exception, je ne peux rester indifférente à tes déboires.
Amicalement, bises
Fluorine
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Bonjour Alwena,
" Soyons fières de ce que nous sommes sans jamais en avoir honte car peu de personnes pourrait endurer une épreuve aussi compliquée et exigeante que la notre même différente "
+1000
Oui, je suis femme et fière de l'être. Peu importent les critiques. "Les chiens aboient, la caravane passe..."
Bises,
Fluorine.
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Bonjour jeanne,
Je crois que tu as parfaitement analysé la situation, avec beaucoup de cœur toi aussi. Je lis tes messages pleins de bon sens avec beaucoup d'intérêt.
Un jour, ce sera mon tour aussi j'espère. Les mêmes questions certainement...
Bises,
Fluorine
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Post by jeanne on Mar 2, 2019 17:28:56 GMT 1
Sophia, cela peut être une autre princesse, ce n'est pas tant le fait que ce soit un mec qui compte, c'est juste le fait que ce soit l'autre, le regard de l'autre. C'est le regard de l'autre qui permet de sortir de son propre intérieur, le regard de l'autre est de mon point de vue nécessaire, il est l'éveil...qui permet de sortir de soi-même. C'est bien expliqué dans les fables. les fables ne sont pas des bêtises pour les enfants, elles ont leur propre sagesse. ou pas. évidemment nous avons passé l'age de ces fables, nous sommes adultes, mais en tant que femmes, le sommes-nous? et n'est-il pas nécessaire pour nous permettre la réalisation véritable de ce que nous sommes, le regard aimant d'un-e autre? enfin, c'est juste une idée en passant de quelqu'un qui aime bien vivre seule après plus de 20 ans de vie maritale...;-)
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Post by alwena on Mar 3, 2019 11:13:58 GMT 1
coucou
paradoxal car l'amour nous l'avons dans le cœur mais c'est nos yeux qui voient et oui le corp compte car c'est bien lui que les autres jugent au premier abord et pas notre cœur pas tout à fait, c'est la manière que nous avons de le donner à voir et là aussi c'est un paradoxe car mon amie trans à qui je me confiais en 2006 me disais "le regard des autres on l'a dans sa tête" et effectivement j'avais l'esprit braqué sur les regards qui font mal puis je suis passée outre car toujours paradoxe nous avons (nous tous bipèdes) besoin d'exister dans le regard des autres
alors oui il est possible de se dire : "oui mais pourquoi ça ne devrait pas" eh bien si cela est et c'est incontournable c'est un des filtres de la vie sociale
moi je n'avais pas de coffre fort mais un château fort ( car sous certains aspect je suis princesse lol ) je m'étais barricadée à l'intérieur de mon château fictif dans lequel n'existait que ma transition
puis... vagino et tout est remis en cause
je suis enfin moi, j'ai un corps, un vrai en adéquation avec qui je suis je suis femme et mon cœur brimé de femme a enfin un corps pour s'épanouir
j'ai donc allègrement sauté par dessus le mur et mon corps disais oui oui, mon cœur disait ta as raison mais... mon papillon s'est envolé puis la raison car le cœur, le corps oui mais la raison s'en mêle et je suis à nouveau amoureuse c'est une amie et tout ce que nous avons fait et faisons ensemble me pousse à dire que je l'aime compliqué pour moi qui suis du genre à avoir envie de tomber raide dingue
il y a qq jours je lui ai confié mes sentiments et que son silence depuis dit qu'elle ne veut pas le partager mon envie de vivre et d'aimer , d'être aimée est plus forte que çà
demain... oui demain j'aimerais encore , j'aurai encore envie de partager mon corps et mon cœur
bises
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Post by jeanne on Mar 3, 2019 17:54:36 GMT 1
Sophia, ça illustre bien la question de la perspective, de ta position actuelle l'amour est irréel mais les choses changent autour de nous, nous-même et ce qui paraissait impossible ou indésirable, ou irréel à un endroit le devient à un autre. je regarde l'horizon et soudain je me dis que c'est peut-être possible,quand quelques mois plutôt cela me paraissait un non sens.
Désolée Alwena, j'aimerai pouvoir dire, qui ne dit mot consent...? mais je ne suis pas sûre que ce soit approprié. bisous
ps : et quand je parlais de regard de l'autre, je ne pensais pas au regard concupiscent. Alwena a bien expliqué cela dit.
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Post by Mohini on Mar 4, 2019 12:03:40 GMT 1
Bonjour à toutes,
Le regard de l'autre compte bien plus que l'on ne pourrait l'imaginer. Pour ma part, il est totalement absurde de penser ne serait-ce qu'un instant que l'on peut se passer du regard de l'autre... Pourquoi?
La raison est très simple : nous sommes des animaux (au sens purement zoologique du terme). Nous avons besoin du regard des autres pour nous construire. Dès le démarrage de notre vie, nous nous appuyons sur le regard de nos parents. Il suffit pour cela d'observer attentivement les bébés qui cherchent constamment du regard leurs parents comme s'ils souhaitaient avoir leur approbation ou leur réprobation à chaque acte de la vie. Certes on pourrait me rétorquer "les parents c'est différent" mais à ceci je répondrai FAUX : l'Amour (avec un grand A) fonctionne sur le même principe quelque soit sa déclinaison (amour parental, filial, fraternel, conjugal et même l'amitié qui n'est qu'une forme dégradée de l'Amour) et on se construit au travers du regard de l'autre.
Ce mécanisme existe aussi dans le règne animal : il suffit d'observer le regard des lionceaux qui font leurs griffes sur le dos de leur mère pour s'entraîner et quand la lionne rugit, ils savent qu'ils sont allés trop loin. De même pour l'apprentissage de la chasse etc.. Idem chez les primates non humains etc... Les bébés animaux se construisent au travers des actes de leurs parents.
L'espèce humaine est une espèce animale donc obéissant aux mêmes règles que les sociétés animales... MAIS avec la soi-disante supériorité de son intelligence. Quand on a un recul du Temps sur l'Humanité (comme les miens et moi même), on se rend compte que dans les civilisations antiques, les gens savaient exprimer leurs sentiments aussi bien en famille qu'en société (les religions antiques permettaient ce phénomène... bien entendu avec les abus et les dérives qui en découlent). L'avènement du monothéisme a changé la donne. Pourquoi? Autrefois les Humains se référaient aux Familles divines (ou lignées si vous préférez) qui réagissaient avec la même panoplie de sentiments que les êtres inférieurs que sont les Humains. Chaque fête religieuse était donc un moyen d'exprimer tel ou tel sentiment. Le monothéisme a réduit la palette de sentiments avec une Divinité qui concentre tout le "Bien" et un adversaire créé de toute pièce (Satan pour beaucoup venant de l'Islam : Sheitan signifiant adversaire)... D'où question simple : comment un Entité unique peut exprimer une panoplie de sentiments sans être insérée dans une Famille? Réponse : impossible.
Au fil du Temps, les Humains sont devenus à l'image d'un Dieu Unique c'est-à-dire incapable d'exprimer la panoplie la plus complète de sentiments humains au sein même de la structure familiale. A ceci s'ajoute le consumérisme et la "modernité" des civilisations humaines. Ainsi nombreux sont les parents qui ne s'occupent pas correctement de leurs enfants. Quand je dis s'occuper, je ne parle pas juste fournir un toit, leur faire réciter leurs leçons, les habiller, les assister dans le confort matériel... Combien de parents ont repoussé leurs enfants au moins 1 fois dans leur existence au motif qu'ils en avaient marre de leur progéniture (consciemment ou inconsciemment), au motif qu'ils voulaient avoir leur tranquillité de vie de couple, au motif qu'ils étaient fatigués etc etc....? Combien de parents ont oublié de féliciter leurs enfants quand ils ont des bonnes notes, de les encourager quand les enfants faiblissent, de leur répondre "moi aussi je t'aime" (et non un simple "moi aussi") quand leurs enfants disent à leurs parents "je t'aime"?
Au fond les parents apprennent (souvent mais pas toujours) plein de choses aux enfants en oubliant la chose essentielle : apprendre à savoir aimer et à exprimer ses sentiments. Comment peut-on espérer que ces mêmes enfants soient capables un jour d'exprimer leurs sentiments au stade adulte alors qu'on ne leur a jamais appris cela? Cela reste possible au prix d'une médicalisation avec grand renfort de tout ce qui est psy (psychologue, psychothérapeute, psychiatre) qui se substitue à ce qu'auraient dû faire les parents à l'origine...
Pour en revenir à la question de l'amour conjugal, c'est bien de dire que cela ne doit être basé que sur les sentiments. La réalité est que le physique intervient de toute façon : pas obligatoirement en terme d'imperfection mais simplement à prendre soin de son corps. Après tout, si l'on exige de son (sa) conjoint(e) qu'il-elle soit soigné(e), il est logique que l'on commence par montrer l'exemple soi même.
AU FINAL : le regard de l'autre est primordial et aide à la construction (après il faut savoir bien entendu sélectionner en fonction du lien familial ou amical ou tiers pour évaluer la pertinence du regard de l'autre)
Et comme je l'ai dit dans ce même topic : "Alors soyons toujours fières de ce que nous sommes sans jamais en avoir honte!"
Bisous
Mohini
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